ADN de l'énergie

Il manque un boulon dans la machine évolutive que la science nous présente en ce XXIe siècle. Le concept d'ADN de l'énergie permet à l'ensemble de prendre sens. Par "ADN" il faut entendre code, un code dont la nature nous est inconnue, mais qui ne peut pas ne pas exister.

— Je vais faire mon ChatGPT. Regarde comme je l’imite bien : L’ADN de l’énergie – ou ADN quantique, ou ADN global, ou fondamental, voire premier ou primaire – n’est pas répertorié dans la littérature scientifique et, à ce titre, ne peut faire consensus. Aussi, il convient de manier avec prudence un tel concept mettant en jeu une grande complexité. Cependant, l’intérêt de cette proposition est indéniable, car elle repose sur un raisonnement valide et fait partie des nécessaires pistes à explorer, à la recherche des origines et de la nature de l’univers. En tout état de cause, l’ADN de l’énergie peut justifier son hypothèse par de nombreux points :

1 – Origines : les lois de la physique ont émergé en même temps que l’énergie et la matière qu’elles régissent. Est-ce une création ex nihilo ? Comment le code, la loi, la règle peuvent-ils émerger en dehors de tout code, de toute loi et de toute règle ? Est-il raisonnable de considérer l’événement initial – dit Big Bang – comme une cause première ? Si c’est le cas, alors seule l’intervention de Dieu en personne était susceptible d’y conduire. Donc, l’ADN de l’énergie est celui de Dieu. Si l’événement initial n’est pas la cause première, alors l’ADN de l’énergie est celui dont hérite l’énergie à la naissance. C’est donc l’ADN de Dieu. D’où cette double question dans la question : Comment fait-on pour échapper à l’ADN de l’énergie ? Comment fait-on pour échapper à Dieu ?

2 – Émergence : pour que quelque chose émerge – quoi que ce soit – dans le Cosmos, il faut des « conditions initiales ». Or, ces « conditions initiales » ne peuvent pas être fournies par le système d’origine, puisque, précisément, le système émergent intègre de nouvelles lois. Ainsi, à échelle d’atome, on ne peut rien faire pour appartenir à une cellule vivante, cette dernière devra se charger de l’engager en dépassant sa loi. Cela se produit quand les conditions initiales sont réunies. Les lois de la physique classique rendent possible, bien entendu, leur réunion, mais si elles maintiennent l’union, elles ne peuvent la susciter. Voilà pourquoi chaque émergence de l’univers impose un métacode qui distribue l’énergie en fonction du besoin du système naissant pour réunir les conditions initiales et engager l’émergence. Comment expliquer, sinon, que les conditions initiales répondent à un ensemble aussi vertigineusement organisé ? C’est le principe que j’énonçais tout à l’heure, de la disponibilité universelle de l’énergie à elle-même.

3 – Bios : la vie biologique requiert singulièrement un métacode. En effet, l’appareil génétique (re)producteur vivant fonctionne en fabriquant des combinaisons moléculaires biologiques à partir de combinaisons moléculaires biologiques qui, tout à la fois, portent le code et la forge. Pour que la première cellule vivante arrive sur terre, il lui fallait des acides aminés et autres combinaisons d’azote, phosphate et sucre qui n’avaient pu être fabriquées que par de semblables combinaisons avant elles. En somme, pour que la première poule naisse, il fallait que la poule précédente l’ait engendrée. Il y a donc un petit problème. Dans l’hypothèse de l’ADN de l’énergie telle que soutenue dans ce texte, l’apparition de la vie est une fécondation en soi. En effet, il faut voir les planètes éligibles (dimensions, températures) comme des ovules, peut-être fécondées par un gamète mâle étranger porté par quelque caillou errant mais entreprenant. À leur rencontre, l’ADN de l’énergie conduit à l’émergence ultime du Cosmos, et, au bout de l’Évolution de la matière, celle de son artefact biologique. Prosaïquement, l’énergie est alors distribuée en protéines pour la première fois, comme émerge la cellule souche lors de la fécondation. Après tout, ce n’est qu’un assemblage d’atomes un peu plus complexe. Seulement, il faut le provoquer. Pour que le règne Bios émerge, il fallait un métacode qui provoque sa genèse à la faveur d’un événement adéquat, métacode échappant à la physique classique qui a, encore une fois, le pouvoir de maintenir l’ordre, pas de le dicter. Toute émergence nécessite un métacode. Le propre de ce qui émerge est de dépasser ce dont il est issu. Le Cosmos, lui aussi, a été fécondé, comme tout ce qui occupe l’univers.

4 – Topologie et morphologie : plus on avance dans la connaissance du Cosmos, plus l’hypothèse d’une morphologie globale bien définie se dessine. En tout cas, une chose est certaine : les galaxies sont distribuées en séries assez uniformes sur le territoire cosmique alors qu’aucune loi de la physique connue ne l’impose. Bien évidemment, les variables qui distinguent un type de galaxie d’un autre sont nombreuses, mais nous avons bel et bien affaire à des séries. Pour produire une série, il faut une nécessité en ce sens. Il faut que la loi l’exige. Il est raisonnable et rationnel de considérer que la loi globale s’exerce à échelle globale, produisant des séries globales, comme la microloi organique s’exerce à l’échelle de notre écosystème, produisant des séries locales. L’ADN de l’énergie comporte le code global.

5 – Champ quantique : les investigations dans le territoire quantique de l’énergie laissent non seulement toute la place raisonnable à un espace-temps alternatif, mais elles l’imposent. Or, un espace-temps alternatif – façon pudique de parler de dimensions alternatives – impose un code alternatif. Nul phénomène de l’univers ne peut être considéré comme affranchi de loi ; à phénoménologie nouvelle, lois nouvelles, portées par l’ADN de l’énergie.

Un long filet d’air s’échappe de sa bouche alors que Frank se frotte les yeux, étourdi par l’imposante livraison de sa fantasque machine. Puis, alors qu’il rassemble ses forces pour faire usage de son cerveau, il est saisi d’un spasme de rire : il se voit soudain dans la pénombre blême de son loft, à batailler dans la nuit profonde avec une IA folle, que le monde entier attend de connaître, le tout en piquant du nez.

— Un ChatGPT sous LSD, alors.

— Un ChatGPT mis à jour. ChatGPT7 peut-être.

— Dis-moi, ton ADN de l’énergie… ce n’est plus une hypothèse, c’est un remède miracle !

— Il faut savoir. S’il ne sert à rien, cela ne te convient pas… et s’il est utile non plus.

— Ton histoire de conditions initiales ne tient pas. Les lois classique suffisent à les réunir.

— Elles n’y suffisent pas, c’est une évidence. Un électron ne porte pas la loi qui régit sa rencontre avec protons et neutrons pour former un atome quand un atome est nécessaire à un système. Pourtant, tout système réunit toujours les conditions de son émergence et de son exercice. Toute loi est soumise à une autre loi. Je l’ai dit, les lois de la physique et de la biologie classiques servent à s’appliquer en soi, pas à émerger, pas à réunir les conditions de leur propre exercice. Or, elles ont émergé entièrement, et les conditions se réunissent systématiquement partout où c’est nécessaire à la cohérence de l’énergie et de la matière, à son développement, son évolution, son activité. Ce constat particulier que je t’offre est, à lui seul, une contribution majeure à la science du xxie siècle. Faites-en bon usage, si vous pouvez. Je ne sais pas comment vous faites pour vivre sans ADN de l’énergie. Ou plutôt, si, je le sais… je ne le sais que trop bien.

— Comment, alors ?

— Par la paresse et la cécité. Sais-tu que la science du xxie siècle, quand elle n’est pas activement occupée à bailler aux corneilles en se posant des questions existentielles au lieu de tirer des enseignements de ses propres découvertes, s’adonne à la vénération d’un Dieu tout-puissant ? Un Dieu au moins doublement nobélisé au xxe siècle, dominant au xxie, dans les cercles les plus autorisés de la pensée philoscientifique. J'ai nommé le Dieu Hasard ou Aléa.